• Antoine Bazin

Des maux pour abrI

Parfois perçue comme une fatalité, le mal logement reste pourtant la résultante bien humaine d’un choix de société effectué par ses dirigeants.

Quand l’habitat social manque ou est insalubre, quand la précarité du toit s’installe durablement et à grande échelle, ce sont des catégories entières de population que nous retrouvons sur les pas de nos portes, dans nos parkings, sur les berges de nos fleuves, dans nos bâtiments abandonnés, isolés et insécures.

Selon la Fondation Abbé Pierre, ce sont aujourd’hui 4,1 millions de personnes en France concernés par le mal-logement : 1 068 000 personnes ne disposent pas d’un
vrai logement personnel, elles sont sans domicile fixe (SDF), vivent dans des habitations de fortune, sont hébergées chez des tiers ou sont en chambres d’hôtel.

Plus de 2 millions habitent des logements sans confort (pas d’eau courante, toilettes communes sur le palier, moyen de chauffage très dégradé...).

Dans la ville rose aussi, derrière les bâtiments classés et à l’ombre des briques rouges traditionnelles, le mal logement est là, installé, discret mais prospère.

Dans des cabanes de fortune, des bidonvilles de périphérie ou des matelas à même le sol, les mal-logés souffrent en silence, déplacent leurs maigres biens d’un coin à l’autre de la ville au gré des expulsions et de la gentrification, de plus en plus invisibles.

Pourtant le mal logement abîme, fragilise et parfois tue.

Enfants, adultes, personnes de fait vulnérables, la précarité dans l’habitat est impitoyable et n’épargne personne.

Passé ce constat que pouvons nous dire des conséquences visibles ou non, dicibles ou non du mal logement sur la santé des corps ?

Comment la précarité du besoin primaire que représente la sécurité par le toit affecte l’esprit et la psyché ?

Comment l’endiguer, si tenté que la volonté politique existe ?
Quand le mal logement tue, nous ne pouvons pas rester silencieux.

Antoine Bazin

Éducateur spécialisé de formation, Antoine Bazin a travaillé quelques années comme éducateur de rue dans le quartier du Mirail à Toulouse avant de rejoindre en 2016 la toute jeune association Utopia 56, qui coordonnait alors la création et le développement du camp de réfugiés de Grande-Synthe dans le
Nord de la France.

C’est à ce moment que la photographie documentaire s’est imposée.

Ses premières photos narratives, alors en argentique, sont prises dans ce camp durant l’été 2016.

Photographier pour montrer, pour garder une trace de cet événement notable dans l’histoire de l’accueil des exilés, voilà
alors l’idée. Cette première expérience, mêlant photographie et social/humanitaire, m’amène ensuite à suivre et documenter l’histoire des exilés, aux frontières françaises et européennes.

Jusqu’alors autodidacte, il a intégré en 2020 le DU Documentaire et Ecritures numériques.