No pasa nada El Silencio, un labyrinthe espagnol
Dans ce portrait d’une Espagne contemporaine à travers le schème du "silencio", No Pasa Nada cherche à mettre en image une particularité profonde et unique affectant l’ensemble de la société espagnole depuis presque un demi-siècle.
Ce "Silence" n’existe pas officiellement et pourtant sa simple évocation trouvera systématiquement dans tout le pays, une résonance propre dans le passé intime de chaque famille.
A la mort de Franco en 1975, le roi Juan Carlos engage le pays dans une transition démocratique pacifique qui sera saluée dans le monde entier. Ce succès aura un prix : "el pacto del olvido", le pacte de l’oubli.
Violences, exactions, répressions, crimes et massacres datant de la guerre civile et de la période dictatoriale sont amnistiés.
Un voile fragile mais constant va recouvrir les horreurs commises. Alors que le pays se libère dans les excès de "la movida", le "silencio" va étouffer toute possibilité de résorption des épreuves subies. Le passé est le passé, il faut juste se concentrer sur le présent, se tourner vers l’avenir.
En 2002, la chape du silence se craquèle lors des premières ouvertures des fosses communes, puis avec la promulgation de la loi sur la mémoire historique en 2007.
Mais malgré de réguliers événements à la portée hautement symbolique tel le transfert de la dépouille du dictateur hors de la vallée de Los Caïdos, l’Espagne reste la prisonnière du labyrinthe schizophrénique du "silencio".
Depuis 2016, Philippe Dollo arpente ce pays où il vit et, au hasard de ses rencontres, brosse petit à petit un tableau moderne d’une Espagne secrète, emmurée dans le tabou du silence.