LEFFLER Lucas

Zilverbeek

LEFFLER Lucas

Zilverbeek est un nom flamand donné à un ruisseau situé autrefois dans la région d’Anvers, à proximité de l’usine Agfa-Gevaert.

Par le passé, cette usine fabriquait des produits photographiques argentiques, et ses eaux usées étaient déversées dans cette rivière sans que l’argent n’en soit filtré au préalable. La boue du ruisseau était alors remplie du précieux métal ce qui lui valu le nom Zilverbeek, signifiant en néérlandais Ruisseau d’argent.

Ce projet photographique, sur lequel je travaille depuis 2 ans, a débuté lorsque j’ai lu un
article du Nieuwsblad qui racontait l’histoire d’un ancien employé de l’usine. Celui-ci avait
décidé de récupérer de la boue issue de cette rivière afin de la filtrer pour en extraire le
précieux métal.

Je suis donc parti aux alentours de cette usine à la recherche de cette rivière mystérieuse,
avec en tête l’idée d’y puiser un récit fictif et personnel. Une fois trouvée, je décidai d’y
prendre des photos, de filmer cette rivière, mais aussi d’en retirer de la boue à mon tour.

À partir de ce moment-là, le projet est entré dans une répétition conceptuelle de cette
histoire qui serait de l’ordre de la performance, de l’intervention, avec une composante
poétique. J’ai commencé à altérer mes négatifs ou encore à mélanger la boue de la
Zilverbeek avec de l’émulsion photosensible afin de réaliser de nouvelles images.

Je vois ce projet comme l’exploration nostalgique d’une industrie révolue, une
fascination mythologique pour l’ascension et la chute d’une technologie aujourd’hui obsolète.

Ce travail est stimulé par le désir de donner une tangibilité à la matière photographique
elle-même, ici l’argent constituant le médium. Il prend forme à travers une histoire
fantasmée, celle d’une rivière d’argent, qui semble sortie d’un conte pour enfants.

Ce projet mélange enquête documentaire et ré-interprétation poétique de l’histoire. Il prend
comme point de départ une anecdote anversoise, mais tente de lui apporter une dimension
mythologique.