• Abdul SABOOR

Messages Migrants

Sur la route des Balkans qu’il a lui-même empruntée ; de Belgrade à Paris, en passant par Calais, Abdul Saboor s’attache à immortaliser les migrants et les graffiti qu’ils laissent sur les murs des villes où ils transitent, avant de passer de nouvelles frontières. Il capte les revendications de ses semblables, assignés à résidence ou arrivés à destination. Il contribue à ce qu’ils ne soient plus des invisibles.

Abdul Saboor initie son travail à « The Barracks », camp illégal à Belgrade, où près de 1 200 personnes restent bloquées aux frontières de l’Union Européenne sans douche, ni toilettes ni eau potable. Durant les mois d’hiver, ses occupants y endurent un froid extrême, la température avoisinant les - 15°. Une fumée toxique émane des duvets et du bois des traverses de chemin de fer, utilisés comme combustibles pour le chauffage et la préparation des repas. Abdul Saboor partage son quotidien avec des réfugiés venus d’Afghanistan, du Pakistan, d’Iran, d’Irak et de Syrie. Il décide de photographier leur vie et de documenter leurs histoires pour les partager avec le monde extérieur. Ne parlant pas la langue locale, son téléphone, puis son appareil photo sont ses seuls moyens de communication pour témoigner. Au cours de son année en Serbie, il tente à plusieurs reprises de quitter le pays mais est arrêté systématiquement par la police. Ses photos, qui dépeignent une réalité à laquelle les journalistes n’ont pas accès, circulent sur les réseaux sociaux et sont reprises par des médias internationaux.

Au terme d’un long périple, il finit par rejoindre Paris où il continue à documenter les migrants, aux Portes de Paris et à Calais. Ses photos rendent compte d’une réalité souvent occultée et témoignent d’une parole empêchée, étouffée par des discours officiels.

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Abdul SABOOR

Né en 1992, à Nangrahâr en Afghanistan, Abdul Saboor doit subvenir à ses besoins dès son plus jeune âge. Il travaille avec l’armée américaine pendant 6 ans. Recherché par les Talibans, il fuit son pays. Toujours équipé d’un appareil photo ou d’un téléphone portable, il immortalise le périple de son exil, 2 années passées à traverser l’Europe jusqu’à la France, où il s’arrête en 2017. Ses photographies sont exposées en Serbie, en Espagne, en Angleterre, en Pologne et en France, dans les vitrines du ministère de la Culture, à la Cité des Mots, à la Friche la Belle de Mai, au Théâtre Sénart ou au CCAM – scène nationale de Vandœuvre-lès-Nancy. Membre de l’atelier des artistes en exil depuis 2018, il continue à photographier la vie des migrants à Paris et à Calais, ainsi que le rôle des bénévoles sur le terrain, en vue de publier un ouvrage. Il mène aussi un projet sur les toxicomanes aux portes de Paris (la colline du crack).