Révoltes intimes
Construites de manière participative à partir de conversations et de récits récoltés auprès de personnes impliquées dans des luttes au quotidien -écologiques, politiques, personnelles et collectives- ces mises en scènes photographiques sont des tentatives d’occuper des lieux de résistance et de reconfigurer des formes narratives en impliquant le texte dans l’image, la fiction dans le témoignage et les personnes participantes dans la réalisation de leur propre portrait.
Aurore Valade présente des paroles révoltées et engagées, qui, depuis l’espace privé de l’habitation, proposent une ouverture sur le collectif et le corps social. Les phrases extraites des conversations sont matérialisées sous forme de pancartes et d’inscriptions réalisées par les participants eux-mêmes ou selon leurs indications puis placées dans leur espace d’habitation. Il s’agit ici d’explorer ensemble nos moyens de manifester et de se manifester. « Je me révolte donc nous sommes » disait Albert Camus et cette révolte, partant du je au nous, permet de sauvegarder un intime créatif où s’expose et se partage de nouvelles identités.
Les images d’Aurore Valade sont à lire et contempler, tant les lignes de significations y sont nombreuses. L’ambition ici, par-delà la méticulosité des agencements d’objets, de couleurs, de paroles, au sein de chaque photographie, est de créer une sorte de vertige de liberté : impossible de tout circonscrire par l’œil en une seule vision, impossible de tout embrasser. L’exercice du jugement critique se laisse dérouter par le carnavalesque, qui le dérange joyeusement.