Ephemeral intersects
Kaliningrad est une ville caractérisée par le mot entre, un état transitoire, un „entre-deux“. Construite sur la destruction d’une autre ville, enclave, entre l’Europe et la Russie, la ville est partagée entre deux idéologies, une russe, une allemande et/ou européenne.
Entre une équation inconnue, peu de personnes en Europe ne savent situer la ville, et une réputation négative „Kaliningrad is the ugliest city of the world„, la reconstruction de la ville perdue de Königsberg représente un idéal à poursuivre.
Sur place, les habitants vivent d’une manière schizophrénique l’idée d’une ville perdue en habitant une autre, en parlent comme s’ils la connaissaient.
Entre ville rêvee et vécue, entre nostalgie et réalité, Kaliningrad et la reconstruction de Königsberg participent à l’élaboration d’un mythe et de l’image de la ville situés entre l’utopie et la dystopie.
Sur place, je me suis attachée à photographier des situations et des structures informelles qui témoignaient de cet état transitoire ou qui montraient l’adaptation des individus à cette situation, cabanes, chantiers, échafaudages, terrain vague, lieux détruits investis, j’ai cherché et photographié un état de limites, des traces à la fois d’une présence et de sa disparition.
Une deuxième étape consiste à reproduire ces structures informelles dans un autre contexte ; j’ai construit dans un deuxième temps des installations avec des matériaux de chantier trouvés, anciennes fenêtres, bois d’échafaudage, dans plusieurs pièces d’un lieu historique, Kronprinz, ancien bastion.
La réalisation de ces structures vise d’une part à en révéler l’existence. Cette décontextualisation et la ré écriture d’une forme participent au processus de déréalisation, vécu lors des phases d’exploration et de recherches dans la ville.
Par la construction d’une installation fictive, provisoire tirée de la réalité, je cherche de manière métaphorique à témoigner de la fragilité qui accompagne un état de transition.