L’heure bleue
« Dans la culture occidentale, le visible a été développé au maximum. La culture africaine cache plus qu’elle ne révèle ».
Patrick Nguema Ndong
Le Bénin est considéré comme le berceau du vaudou ou vodoun, culte animiste lié à une mythologie très ancienne qui confère une force vitale à tous les éléments, animaux, êtres ou objets. Les cérémonies et rituels sont les manifestations visuelles les plus perceptibles de ces croyances qui définissent tout un peuple. L’expression de ce folklore, largement représenté, a son pendant plus sourd, plus mystérieux.
Le terme vaudou est souvent traduit par « ce que l’on ne peut élucider ».
Marie Leroux a choisi d’opérer un pas de côté, d’évoquer par la photographie le lien permanent entre le visible et l’invisible, constitutif d’une manière très singulière d’être au monde, afin de questionner la relation que ce peuple entretient avec le réel.
L’heure bleue est cet interstice, ce temps où la clarté cohabite avec l’obscurité. Temps suspendu, indéfinissable, entre éveil et sommeil, rêve et insomnie. Heure nébuleuse qui évoque des territoires vacillants, les repères se brouillant avec l’opacité de la nuit. Avec elle surgiront d’autres ombres, aux contours plus ténus, empreints de mystère et de mysticisme.
Les images constitutives de cette série évoquent cette part de mystère omniprésente contenue dans chaque souffle, chaque geste, chaque paysage. Pays où le monde des esprits est imbriqué à celui des vivants, où la vie tutoie de si près la mort, où l’on attribue une signification seconde à chaque chose. La réalité qui se dessine ici contient en elle-même un ailleurs, au-delà du tangible.
L’imaginaire s’imbrique au réel pour dessiner un territoire où le profane est intimement lié au sacré, où le visible n’existe pas sans l’invisible.