Éphéméride
Mes réflexions à travers mes photos ont toujours été empreints de ce flux, ce va et vient entre le passé et le présent et vice et versa. Mes recherches sont similaires à un autre domaine qui interroge la mémoire, celui de l’archéologie, avec un travail de collecte et d’accumulation des données, de bribes d’information.
Ce qui me fascine dans la photographie de paysage, ce sont les traces, les signes matériels et tangibles d’une intersection entre passé et avenir, c’est l’effet du temps exprimé par la vie des êtres et des choses.
Sur le projet photographique Éphéméride j’utilise la montagne en hiver comme un territoire de recherches. Les photographies sont prises depuis des télécabines, le seul moyen pour moi ne sachant pas skier de me déplacer, de survoler ces territoires. Ce point de vue m’apporte une distance qui se joue de l’échelle, sur les êtres et les infrastructures, révélant leur fragilité, et celle aussi du paysage traversé.
La photographie est le seul moyen de garder en mémoire ces empreintes laissées sur cette neige éphémère. La neige est ici la trame matérielle de notre propre présent.
Ces territoires qui semblent immuables, sont ici modulés par l’homme, et le temps, les processus de changement produisent des traces qui pour moi réinterrogent les formes de permanences du passé. Le passé, tapi, immobile, dans les plis du présent que je retrouve sur une pente enneigée recouverte de lignes courbes et ces mêmes lignes qui seront effacées par une neige fraîche tel un palimpseste. Cette neige est comme une page blanche sur laquelle on écrit notre passage en ce monde. Comme un cycle de vie où l’échelle du temps nous est propre. Comme des rides et cicatrices que ce même temps nous laisse.