Nirvan
Avec un souffle poétique marqué, Nirvan nous rapproche à la fois du mythe et de la réalité des hijras de l’Inde. Reconnus comme un troisième sexe, ils ont, selon la mythologie hindoue, une origine divine et étaient autrefois des personnages très respectés ayant un certain statut social. On leur attribue, encore aujourd’hui, le pouvoir de bénir ou de maudire, ce qui suscite à la fois crainte et incrédulité.
Avec la colonisation britannique, ils sont devenus une menace pour la moralité et la décence et sont devenus l’une des sections les plus marginalisées de la société. Condamnés à la mendicité et à la prostitution.
Le titre du projet Nirvan fait référence au processus d’émasculation rituelle que subissent les hijras. L’anthropologue Serena Nanda, dans son livre “Neither Men Nor Women, the Hijras of India”, pose la question à l’une des personnes qu’elle a interrogées : "Pourquoi devez-vous subir cette opération ? J’ai demandé à Kamladevi. Elle a répondu que les hijras ont de nombreux pouvoirs, mais seulement s’ils sont castrés."
Et puis elle a raconté cette histoire : "Il y avait une fois un roi qui demanda à une hijra de lui montrer son pouvoir. La hijra frappa trois fois dans ses mains et immédiatement la porte du palais du roi s’ouvrit sans que personne n’y touche.
Alors le roi dit : "Montre-moi ton pouvoir d’une autre manière".
Au bord de la route, il y avait un cactus épineux. La hijra a simplement pris l’épine du cactus et s’est castrée.
La hijra est restée là, le sang suintant, et a levé sa main avec le pénis à l’intérieur. Le roi s’est alors rendu compte du pouvoir des hijras".