• Marie LEROUX

L’heure bleue

« Dans la culture occidentale, le visible a été développé au maximum. La culture africaine cache plus qu’elle ne révèle ».
Patrick Nguema Ndong

Le Bénin est considéré comme le berceau du vaudou ou vodoun, culte animiste lié à une mythologie très ancienne qui confère une force vitale à tous les éléments, animaux, êtres ou objets. Les cérémonies et rituels sont les manifestations visuelles les plus perceptibles de ces croyances qui définissent tout un peuple. L’expression de ce folklore, largement représenté, a son pendant plus sourd, plus mystérieux.

Le terme vaudou est souvent traduit par « ce que l’on ne peut élucider ».

Marie Leroux a choisi d’opérer un pas de côté, d’évoquer par la photographie le lien permanent entre le visible et l’invisible, constitutif d’une manière très singulière d’être au monde, afin de questionner la relation que ce peuple entretient avec le réel.

L’heure bleue est cet interstice, ce temps où la clarté cohabite avec l’obscurité. Temps suspendu, indéfinissable, entre éveil et sommeil, rêve et insomnie. Heure nébuleuse qui évoque des territoires vacillants, les repères se brouillant avec l’opacité de la nuit. Avec elle surgiront d’autres ombres, aux contours plus ténus, empreints de mystère et de mysticisme.

Les images constitutives de cette série évoquent cette part de mystère omniprésente contenue dans chaque souffle, chaque geste, chaque paysage. Pays où le monde des esprits est imbriqué à celui des vivants, où la vie tutoie de si près la mort, où l’on attribue une signification seconde à chaque chose. La réalité qui se dessine ici contient en elle-même un ailleurs, au-delà du tangible.

L’imaginaire s’imbrique au réel pour dessiner un territoire où le profane est intimement lié au sacré, où le visible n’existe pas sans l’invisible.

Marie LEROUX

Marie Leroux est une photographe française née en 1986.

Après un double cursus en arts plastiques et en histoire de l’art et archéologie, elle obtient un master de recherche en arts plastiques en 2010.

Elle étudie ensuite la photographie au sein de l’École Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles dont elle sort diplômée en 2013.

Elle poursuit un travail de création photographique au croisement d’approches plastiques et documentaires. Ses diverses séries explorent les relations complexes entre l’homme et son territoire.

Son travail est exposé et projeté dans divers festivals depuis 2012 (au festival Voies off à Arles, Encontros da Imagem au Portugal, Planche(s) Contact à Deauville, ou encore par le Club des Directeurs Artistiques successivement à Arles puis à Paris).

Finaliste de la bourse du Talent en 2015 et 2017 dans la catégorie reportage, elle fait également partie des nominés pour les Athens Photography Awards. Le CNAP lui attribue en 2018 une bourse de soutien pour la photographie documentaire contemporaine. En 2020, elle est finaliste pour le prix Mentor ainsi que pour le prix HSBC pour la photographie contemporaine.

Elle est membre du studio Hans Lucas depuis 2015.