William BUNEL

The curtain fall

William BUNEL

The curtains fall


Cette série fut réalisé à "la belle de Mai " quartier du 3ième arrondissement de Marseille. Il a longtemps été le siège de la manufacture des tabacs de Marseille et le lieu des émigrés. C’était
un quartier exclusivement ouvrier. Aujourd’hui sensible et animé il subit un chômage endémique malgré la présence de nombreux commerces.

Avant de me retrouver face a mes modèles, je pénètre des cages d’escaliers sombres aux peintures écaillés, aux marches bringues ballantes, ou les câbles électriques s’entremêlent instaurant un climat étrange. Le temps semble s’y être arrêté. En entrant l’aspect suranné des lieux, les odeurs , la lumière me projettent dans mon enfance comme si je visitais mes grands parents. Ici rien n’a changé depuis des décennies. La mort est déjà passé par la,emportant l’un des deux conjoints. Par le biais du médium photographique je saisi le réel d’une époque qui s’en va, transfiguré par mon imagination.

Au delà de l’aspect vieillot de la plupart des intérieurs, ce sont les paradoxes qui frappent le plus. Chez ces personnes en fin de vie, les symboles attendus du sacré s’opposent à des objets plus incongrus, voire infantilisant. Affaiblis mais dignes. Fragiles et révoltés. Perdus au milieu de leurs repères, les sujets s’exposent avec pudeur. Chaque photographie expose un univers clos, ouvert vers un ailleurs hypothétique. Le spectateur s’invite chez ces gens et ressent la familiarité réconfortante des lieux ; il est à même d’y déceler la pesanteur d’un quotidien de plus en plus désincarné.

Les couleurs diffèrent aussi : sombres chez certains, d’un blanc sépulcral chez d’autres, l’exubérance s’oppose à la sobriété. Les corps, déformés par la vieillesse, niés par des vêtements privilégiant le confort à l’esthétique, racontent les années passées.

"La mort semble bien moins terrible, quand on est fatigué" Simone de Beauvoir.