DIEDLA Nia

MALEZA

DIEDLA Nia

MALEZA
Le journal de mes racines

Elles poussaient de mes pieds, de mes bras, sortaient par ma bouche, et par mes lèvres, griffaient mes joues, tiraient mes cheveux. Nues, sauvages, elles tissaient leur maison dans mes poumons, mes bronches. Sans eau, elles s’étalaient sur ma peau, dans mes yeux, même dans ma langue. Elles étaient là, et pourtant personne ne pouvait les voir. Ces racines étaient les miennes, j’avais trouvé ma maison, et elles me tenaient debout.

Mes aïeules quittèrent l’Europe en bateau, j’ignore lequel, et en quelle année. Mais ce que je sais, c’est que jamais elles ne revinrent. Sans doute, un peu d’elles est resté ici. Je les imagine comme de l’herbe sauvage, de celle qui pousse partout, et où je pousse moi aussi maintenant.

Maleza ça veut dire mauvaise herbe, celle qu’on n’attend pas, qu’on arrache mais qui revient toujours sans renoncer. Une fleur qui n’est pas une et qui pourtant l’est aussi.