BECHER Téo

Les sommets inhabitables

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Les sommets inhabitables

Ce titre est extrait d’une citation d’Erri de Luca, écrivain italien engagé dans le combat contre la construction du train à grande vitesse reliant Paris à Turin (le « TAV »), qui reçoit un accueil très controversé par la population locale, notamment dans le Val de Susa en Italie.

Les montagnes de la Maurienne sont marquées d’ambiguïtés, de contradictions, d’oppositions. Surnommée « la vallée de l’aluminium », l’espace y est maîtrisé et exploité. Le torrent de l’Arc fut propice au développement de l’industrie de l’aluminium grâce à sa capacité à alimenter les usines en hydroélectricité. Nombreuses au XXe siècle, il n’en reste aujourd’hui qu’une, longée par une autoroute – un des seules vallées à en disposer – et bientôt par une ligne de train à grande vitesse, secouée cependant par divers scandales liés à des soupçons de corruption et de dégâts environnementaux. Même si quelques stations de sports d’hiver parsèment les sommets, la majeure partie de l’espace en Maurienne est de l’ordre de l’inhabitable, correspondant ainsi à l’image romantique d’une nature pure et sublime.
Il s’agissait d’abord pour moi de faire l’expérience physique du paysage. Être dans la montagne, marcher, respirer. C’est devenu comme parcourir cet inhabitable, ce qui ne peut être senti qu’à pied, au plus près de la topographie, immergé dans le paysage.
Ces deux pans du travail sont comme deux couches qui s’ajoutent et se mélangent, comme une marche de reconnaissance du territoire, pour en connaître chaque recoin.